Nous avions laissé l'auteure de " Rien ne s'oppose à la nuit" surfant sur son immense succès il y a 4 ans. Notre patience est récompensée avec la sortie en cette rentrée littéraire de son nouveau roman "D'après une histoire", mi autobiographie mi fiction, au gré de notre imagination de lecteur.
La narratrice, Delphine, sort, très bouleversée et fragilisée, d'un grand succès littéraire inspiré par la vie de sa mère. Elle n'arrive plus à écrire, ressentant très fortement la pression et l'attente de son éditeur, de ses amis et de ses lecteurs. Cette panne d'inspiration et ce blocage d'écriture se prolonge jusque dans la vie courante puisque même un simple courrier administratif ou une liste de courses la paralysent. C'est dans cet état d'esprit qu'elle fait la connaissance de "L" lors d'une soirée. Cette jeune femme, dont la profession, est d'être le nègre littéraire, de personnes célèbres, devient très vite une amie intime et va étendre petit à petit son emprise machiavélique sur "D", jusqu'à prendre sa place en public et tenter de la tuer lorsqu'elle tentera d'échapper à son joug psychologique. Parallèlement, pour augmenter le malaise de cette période d'incertitudes et dérouter un peu plus le lecteur, D reçoit des lettres anonymes très agressives et menaçantes de la part d'un membre de sa famille mécontent de son précédent livre dévoilant des secrets de famille.
A travers ce roman, l'auteure en profite pour aborder le thème de la création littéraire, du doute de l'écrivain et de l'angoisse de la page blanche.
Ce récit qui au début semble simplement autobiographique ( on s'imagine parfaitement l'auteure dont l'initiale du prénom de la narratrice correspond également au sien, confrontée au phénoménal accueil du livre hommage à sa mère et ne sachant comment gérer émotionnellement l'accueil dithyrambique des lecteurs) tourne très vite au thriller psychologique, captivant et haletant (on comprend alors mieux les références à Stephen King).
La limite entre le réèl et la fiction est volontairement ténue; ainsi le lecteur peut lui aussi se laisser aller à des conjonctures: l'initiale "L" du prénom de l'amie qui s'immisce dans la vie de D et la manipule (on se rappellera que personne dans l'entourage de Delphine n'a jamais fait sa connaissance ni même ne l'a croisée) nous rappelle étrangement le prénom de la mère de l'auteure, Lucile, évoquée dans son précédent livre et dont le succès l'a énormément fragilisé. On peut se laisser aller à imaginer notre auteure "hantée" par sa mère et ne pas avoir envie de se libérer d'elle, ne pas arriver à se détacher de sa relation avec elle jusqu'au moment ou elle met sa propre vie en jeu et tente de s'en échapper dans un sursaut. De là à penser que ce nouveau roman est une manière de tourner définitivement la page de ces moments douloureux, il n'y a qu'un pas laissé au gré de l'imagination chaque lecteur.
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